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ORIGINALITE DE LA GEOGRAPHIE FITOUNAISE

Avant tout la première expression c'est sans conteste l'apparence d'un paysage lunaire unique en Languedoc.

 

C'est le règne d'une nature minérale, l'omniprésence de la caillasse, désordonnée ou ordonnée par la main de l'homme en murailles, murets, capitelles, tissant ainsi les mailles irrégulières d'un gigantesque bocage enserrant collines, et combes d'où la garrigue et le chêne vert résiste encore.

Ensuite, l'étendue de la commune avec plus de 3000 ha avec une population se situant immuablement autour des 600 habitants, soit 18 à 20 habitants au km2. Il faut quand même noter une brusque inflation au 19ème siècle (1100 en 1845, 1700 en 1886 chiffre record). On peut penser que la crise du phylloxéra a été le déclencheur de la chute démographique du début du 20ème siècle.

Fitou a aussi une situation privilégiée au sein d'un étroit corridor stratégique Nord-Sud de liaison entre la France et l'Espagne. Un ruban de plaine coincé entre la mer et les reliefs des Corbières de plus difficile pénétration. Du néolithique à nos jours, cette voie a connu tous les avatars : «  des éléphants d'Hannibal aux légions de César, en passant par les hordes wisigothes et les plus modernes cohortes éclopées des vaincus de la guerre d'Espagne, sans parler bien sûr des estivales caravanes du tourisme de masse ».

Traversé par la Voie Domitienne le territoire est aujourd'hui zébré de quatre (et bientôt 5 avec la ligne TGV) axes de circulation parallèles : « RN 9 (RD 6009), autoroute A9, voie ferrée Paris-Barcelone, gazoduc Perpignan-Séte ».

Cette situation Nord-Sud est complétée par des pénétrantes d'importance mineure, perpendiculaires aux premières. Accès qui, s'ils ne favorisent pas un trafic intense et rapide est toutefois favorable à un transit marginal, voire spécifique à la transhumance des troupeaux. Le paradoxe de l'espace fitounais dans l'activité pastorale : « un lieu de passage sans obstacle, de circulation fluide et rapide, doublé d'un lieu de stationnement et de séjour obligé. Situation de carrefour essentiellement ciblé sur les transhumances montante et inverse, jouant le rôle de plaque tournante vers Narbonne et au delà le Minervois et la Montagne Noire, ou vers Durban, les Hautes Corbières et le Lauraguais ».

Mais, à Fitou on est en présence d'un exemple de fossilisation d'une puissante structure agropastorale totalement disparue après avoir connu une réelle importance sur de très longues périodes. Les termes toponymiques de cortal ou de bergerie, les immenses enclos  aux formes irrégulières ceinturés de kilomètres de murs de toutes tailles, et d'abris empierrés appelées « capitelles » témoignent de l'existence de générations pastorales. Ces capitelles dispersées en grand nombre dans ces paysages (plus de cent) aux formes typiques font aussi de Fitou une exception des savoirs élémentaires des bâtisseurs autochtones ;  originalité architecturale avec une voûte en tas de charge sur une arche romane en plein cintre, centrale et clavée et ouverture en arc cintré de claveaux ;  ou bien encorbellement classique et ouverture à linteau horizontal.

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