" HISTOIRE DE FITOU "
SEIGNEURS DE FITOU
CHATEAU FEODAL
La date de construction du château de Fitou n'est pas connue, mais elle est fort ancienne. Par son testament daté de 990, la Vicomtesse Adélaïde de Narbonne le lèguait "in vila de Fictorius" à Ermengaud de Narbonne. Son territoire s'étendait sur plus de 3000 hectares.
En 1299 le Captal de Burg surpris le château et s’empara du village.
En 1389 la famille de Pérignan possédait la plénitude des droits seigneuriaux sur Fitou et accordait à des vassaux les titres et droits qui étaient légitimement leur propriété. Le territoire du château s'étendait jusqu'à la frontière de Salses.
Le château par sa situation, fut maintes fois exposé à la guerre, il fut assiégé, brûlé, et reconstruit plusieurs fois. Un grand nombre des seigneurs y régnèrent. Après la chute du château de Montségur et la défaite des Cathares, le Seigneur de Niort, hérétique, se convertit au christianisme et s'établit au château de Fitou. La famille d'Aragon de Fitou fut la dernière Seigneurie a occuper le château jusqu'à la Révolution de 1789. En 1807 un procès-verbal de l’agent cantonal Barrau faisait état d’une masure inoccupée. Le château de Fitou fut l'objet d'un incendie et sa démolition fut ordonnée par arrêté de Police en date du 25 juillet 1841, approuvé par le Préfet de l'Aude le 7 août 1841. Les poutres des appartements du château furent enlevées en 1843 pour arranger le presbytère. Le reste fut plus ou moins pillé par les habitants du village.
Le château possédait une cour, une terrasse, un pigeonnier en forme de tour à ciel ouvert, volailleries, écuries, tina et patus ouverts attenant au château la chapelle Saint-Roch.
Il a été restauré et depuis les années 70, sert à la fois de discothèque, restaurant et musée...Pour autant, il ne devait pas avoir dans le passé la structure actuelle, notamment en ce qui concerne les créneaux.
LES SEIGNEURS
Les maitres des lieux
De nombreux personnages ont porté le titre de « seigneurs de Fitou ». De fait, la seigneurie de Fitou se vérifie essentiellement par les événements historiques dont quelques exemples significatifs sont exposés ci-après.
En 1275, Ratier était le seigneur de Fitou.
En 1280, un Arragon, seigneur de Fitou, aurait accompagné en Italie, Charles 1er, fils de Louis VII et de Blanche de Castille. Il reçut l’Anjou en apanage et devint Comte de Provence par son mariage avec Béatrix, fille de Raymond Béranger. Charles 1er avait accepté la couronne des « Deux Siciles » qui lui avait été offerte par le Pape Urbain IV.
Le 14 février 1289, Amalric seigneur de Pérignan, partant pour la terre sainte, promit de donner à son fils Amauri, au moment du contrat qui interviendrait pour son mariage avec Ergulose (fille du Chevalier Bertrand Bocart), les terres de Talairan, Lac, Fitou, Truilhas (Treilles) et tous les autres domaines situés dans les Corbières, au delà de l'Aude. Le mariage n'ayant pas eu lieu, un litige naquit. Bertrand Bocart voulant garder les domaines promis qu'il détenait en gage; Philippe Le Bel fut amené à trancher le différend. C'est Amauri de Pérignan qui devint seigneur de Talairan et de Fitou, créant ainsi la branche de la maison Lara-Narbonne qui s'est ensuite divisée en plusieurs autres.
En 1342, Jean Pollus avait acquis un fief qui appartenait à Braïde fille du noble Gaurimond de Fitou.
En 1344, l'histoire du Languedoc indique que Pierre Arnaldi, damoiseau, viguier de la baronnerie de Talairan était seigneur de Fitou.
En 1410 Guillaume 1er vicomte de Narbonne établit un testament qui nommait tuteur de son fils, Jean de Son seigneur de Fitou.
De plus de petits faits locaux donnent aussi quelques précisions quant à l'existence des maîtres des lieux.
Ainsi, la pêche et le commerce des poissons donnaient lieu à la perception d'un droit. Si des roussillonnais pêchaient en longeant les rives de l'étang, quand ils arrivaient à "Podium", lieu qui était une devèze du seigneur de Fitou (la devèze étant un territoire clôturé et réservé pour le seigneur, sur lequel il était interdit de pénétrer sans autorisation), ils payaient le droit de rivage à ce dernier. C'est ainsi que Ratier, seigneur de Fitou reçut, un jour de 1275, des pêcheurs de Sainte-Marie-de-la-Mer, de Saint-Hyppolite et de Saint-Laurent, un cabas plein de poissons.
Les personnes qui désiraient se déplacer sans risques et sous protection des gardes du seigneur, payaient à celui-ci un droit de passage. Un document mentionne que Bernard Fabre de Fitou était spécialement chargé par la cour du seigneur de guider et protéger les convois d'argent. Jusqu'en 1350, il existait un garde des portes aux Cabanes de Fitou. Cet emploi ne fut pas toujours occupé par des employés honnêtes; certains rançonnaient les voyageurs augmentant la dîme déjà perçue par le seigneur. Plusieurs affaires scandaleuses éclatèrent et donnèrent lieu à condamnation par les autorités de Narbonne.
La contrebande à l'exportation vers le Roussillon de la laine et des peaux était très active. En 1294, le garde Farino Junita et quelques agents surprenaient la bande des frères Pons de Narbonne aux Cabanes de Fitou avec deux charges de laine et de peaux laineuses. Les contrebandiers se défendirent, deux furent tués. Le tribunal d'Amauri de Pérignan qui avait la haute justice sur le château de Fitou et sur son territoire, jugea les gens du garde sous l'inculpation de blessures et homicide; les inculpés furent acquittés.
Dans la nuit du 27 novembre 1794, Guillaume Rainoul; nonce, juré de la cour du seigneur de Fitou veillait avec des gardes à l'hôpital de Fitou (les bâtiments de l'actuel Relais St Roch), sur la route publique de Narbonne à Perpignan. Il avait appris que des marchands narbonnais se disposaient à franchir la frontière avec des charges de laine. A leur arrivée, une lutte se produisit. Un des contrebandiers, Bernard Guiraud, fut tué. Le nonce et plusieurs de ses compagnons furent grièvement blessés. Etienne Auriol, juge de la terra d'Amauri de Pérignan procéda au jugement de cette affaire. Considérant que Guillaume Rainoul était nonce juré et garde pour le seigneur de Fitou, que la victime prise en flagrant délit avait refusé de se laisser arrêter, résistant même à main armée, et que Guillaume Rainoul agissait sur ordre supérieur, le juge déclara que ce dernier méritait des récompenses et non un blâme. Il prononça donc son acquittement.
Le territoire de Fitou s'étendant jusqu'aux frontières de Salses Amauri de Pérignan, suzerain de Fitou exerçait jusqu'à cet endroit son droit de basse, moyenne et haute justice.
La basse justice était surtout constituée par la police rurale. Les "bandiers" étaient de véritables garde-champêtres. Aussi, tant pour eux que pour les sergents, la fontaine de Salses était la limite méridionale du territoire sur lequel leurs fonctions pouvaient s'exercer librement. Sous le règne de Jaime Roi d'Aragon, les seigneurs de Fitou faisaient exécuter leur droit de "banderage" et de "pignore", sans être inquiétés. Mais son successeur Jacques 1er roi de Majorque étendit sa juridiction par la violence jusqu'à la "Corbayrolas" bien que le territoire compris entre ce lieu et la fontaine de Salses appartint aux seigneurs de Fitou.
La chasse était un des divertissements les plus prisés des seigneurs de Fitou. Ils chassaient en particulier dans une devèze située dans le lieu-dit "Le Pueg". Ces seigneurs se réservant des devèzes pour la chasse, ils laissaient chasser les habitants dans le reste du territoire, se préservant un droit spécial pour les cerfs. En effet, tout chasseur qui tuait un cerf dans le territoire de Fitou devait faire don à son seigneur d'une partie de l'animal. un témoignage d'un nommé Rainard Raymond de Fitou fait état d'un cerf tué à la fontaine de Salses, dont un civier (c'est à dire un quartier) fut apporté à "Ratier", alors seigneur de Fitou.
Le seigneur du château de Fitou, sur l'ordre royal de Carcassonne de son suzerain Amauri de Pérignan, aménageait les passages de troupes, soit par la route, soit à travers les campagnes et les montagnes jusqu'à la frontière avec Salses. On parlait à l'époque de la voie domitienne, d'une route en bordure de l'étang, mais il en existait une troisième, un nom de lieu revenant fréquemment dans les écrits, celui du « Malpas » (mauvais passage) est actuellement la limite des départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
FAMILLE D'ARRAGON
La derniere famille seigneuriale
De toutes les familles ayant régné sur le château de Fitou, celle qui s'y est imposée est bien celle d'Aragon de Fitou (Arragon est parfois écrit avec deux R). Confirmée dans sa noblesse par jugement souverain de Bazin de Bezons le 11 novembre 1674, ses membres sont restés au château jusqu'à la révolution.
La maison d'Aragon, venue peut-être d'Espagne, est très ancienne en Languedoc, où elle a occupé un rang distingué parmi la noblesse du diocèse de Narbonne.
Elzéar, Pierre et Arnaud d'Aragon faisaient partie des chevaliers qui prêtèrent serment au fils de Roger, vicomte de Béziers, en1101. Isarn d'Aragon fut témoin de l'acte de substitution des biens faite par Trencavel, vicomte de Béziers, au comte de Foix en 1199. Pierre d'Aragon, qui s'était mis à la suite du légat, contribua beaucoup à la reddition des places du pays de Carcassonne à Simon de Montfort en 1209. Isarn d'Aragon était archidiacre de Carcassonne en 1212.
Raphaël d'Aragon, seigneur de Fitou, conseiller du roi François Ier, grand écuyer de Charles IX, maître des ports et passages de Narbonne en 1560, avait épousé le 30 juin 1536 Catherine de Beauxhostes et donna le jour à une longue lignée. Dès 1573 Raphaël d’Aragon, seigneur de Fitou est nommé conseiller du Roi à Narbonne. On retrouve d’ailleurs des écrits de ce seigneurs dès 1590, pendant l’ époque troublée de la Ligue.
Les registres de l’état-civil de la commune mentionnent pour la première fois Jean d’Aragon, seigneur de Fitou né en 1650, décédé le 14 novembre 1694, inhumé dans l’église.
Les armoiries de cette famille sont représentaient sous les deux formes (voir annexes).
A la révolution de 1789 les "seigneuresses" de Fitou, Isabelle et Elisabeth d'Aragon se retirèrent Narbonne jusqu'à la fin de leurs jours.
Lorsque Charles III d'Espagne, fils de Philippe V et d'Elisabeth Farnèse, alla prendre possession du trône de Naples en 1729 ou 1730, il traversa le diocèse de Narbonne, voulut s'arrêter au château de Fitou et servir de parrain à Charles d'Aragon, fils de Pierre d'Aragon, seigneur de Fitou. En 1750 Charles parut à la cour de Naples, et quelques années après fut nommé colonel du régiment napolitain Dragons-Bourbon. Il fit souche dans ce pays, où sa postérité a continué d'occuper de hautes fonctions militaires et les premières charges de la cour.
Les descendants de la famille d’Aragon établis en Italie sont : Pierre d’Aragon de Fitou, mort à Naples en 1838, époux de la princesse de Squinzano, duchesse de Cotrufiano, alliée à la maison souveraine de Castille, qui eut de ce mariage deux enfants : « Gaëtan, prince de Squinzano, Chambellan des deux Siciles et Raphaël comte d’Arragon de Fitou qui a épousé en 1833, Florentine d’Argy ».
BLASONS HISTORIQUES
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le premier : d’argent à deux dragons volants ou amphistères affrontés d'azur, accompagnés de trois étoiles de gueules, deux en chef une en pointe
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le second : alias d'or au lion de sable, écartelé d'or a trois bandes de gueules
LA LIGNEE ARRAGONESQUE
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La maison d'Arragon, venue peut-être d'Espagne, est très ancienne en Languedoc, où elle a occupé un rang distingué parmi la noblesse du diocèse de Narbonne.
Elzéar, Pierre et Arnaud d'Arragon faisaient partie des chevaliers qui prêtèrent serment au fils de Roger, vicomte de Béziers, en 1101. Isarn d'Arragon fut témoin de l'acte de substitution des biens faite par Trencavel, vicomte de Béziers, au comte de Foix en 1199. Pierre d'Arragon, qui s'était mis à la suite du légat, contribua beaucoup à la reddition des places du pays de Carcassonne à Simon de Montfort en 1209. Isarn d'Arragon était archidiacre de Carcassonne en 1212.
Deux branches de cette maison furent maintenues dans leur noblesse par M. de Bezons. Lorsque Charles III d'Espagne, fils de Philippe V et d'Elisabeth Farnèse, alla prendre possession du trône de Naples en 1729 ou 1730, il traversa le diocèse de Narbonne, voulut s'arrêter au château de Fitou et servir de parrain à Charles d'Arragon, fils de Pierre d'Arragon, seigneur de Fitou. En 1750 Charles parut à la cour de Naples, et quelques années après fut nominé colonel du régiment napolitain Dragons-Bourbon. Il fit souche dans ce pays, où sa postérité a continué d'occuper de hautes fonctions militaires et les premières charges de la cour.
I Raphaël d'Arragon, seigneur de Fitou, conseiller du roi François Ier, grand écuyer de Charles IX, maître des ports et passages de Narbonne en 1560, avait épousé le 30 juin 1536 Catherine de Beauxhostes, dont il eut :
II Pierre d'Arragon, seigneur de Fitou, épouse le 10 mars 1584 Antoinette de Cailus, dont il eut :
- Pierre, qui suit;
- Raphaël, marié à Claire de la Tour, qui fut père de :
- Jean;
- Pierre, marié le 14 octobre 1666 à Magdeleine Massol : maintenus dans leur noblesse le 11 novembre 1670.
III Pierre d'Arragon, seigneur de Fitou, épouse le 15 décembre 1624 Françoise de Génibrousse, dont il eut :
IV Pierre d'Arragon, seigneur de Fitou, demeurant au château de Fitou, au diocèse de Narbonne, épouse le 1er janvier 1666 Marie de Casteras, et fut maintenu dans sa noblesse par jugement souverain du 11 novembre 1670; il eut pour fils :
V Louis d'Arragon, seigneur de Fitou, fut père de :
VI Pierre d'Arragon, seigneur de Fitou, eut pour fils :
VII Charles d'Arragon de Fitou, filleul de Charles III d'Espagne, roi de Naples, 1730; colonel du régiment napolitain Dragons-Bourbon en 1753, s'établit à Naples et fut père de :
VIII Pierre d'Arragon de Fitou, duc de Cutrofiano, mort à Naples en 1838, avait épousé la duchesse de Cutrofiano, princesse de Squinzano, comtesse de Salice, baronne de Guagnano, grande baronne d'Afra et Bagnara, marquise de Campi, héritière de la maison de Filomarino, alliée à la maison souveraine de Castille; il eut de son mariage:
- Raphaël qui suit;
- N... mort en 1834;
- N... prince de Squinzano, chambellan à la cour de Naples.
IX Raphaël d'Arragon de Fitou, comte d'Arragon de Fitou, maréchal de camp, général de division de cavalerie au service du roi des Deux-Siciles, chambellan du roi Ferdinand II, épouse en France en 1833 Ne... d'Argy, fille du comte d'Argy.