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ROME ET LA VIA DOMITIA

LA NARBONNAISE

En 218  avant Jésus  Christ  (av JC), Annibal traverse  le pays suivant  la voie héracléenne. La région  après  avoir été  sous  la  suzeraineté des  Arvennes   passe  en  l’an  120  avant  Jésus-Christ ( av J.C.) sous  la domination romaine.

La “via domitia”  est  le  parfait  exemple  de  cette  domination. Elle  traversait  notre  région d'est en ouest. Annibal l’a suivie et l’écrivain Polybe parle de son existence déjà vers l’an 150 av J.C.. Les  premiers  auteurs  font mention de  cette  voie  sous  le  nom  de “voie héracléenne”. César revenant  d’une guerre  victorieuse en Espagne suivit la portion  de cette  voie dans notre  région  le 13 avril de l’an de Rome 709 ; ilreçu un triomphe à Narbonne, rentra à Rome où il fut assassiné le 15 mars 710 an de Rome (44 av J.C).

Agrippa, ministre romain,  fit alors   réparer cette  voie. Les romains  la firent jalonner   par  des  bornes milliaires portant  les  distances en  “mille  romains” ; soit  mille passum  ou  mille  pas  équivalent à 1486  mètres actuels.  Les  intervalles entre  les  bornes milliaires étaient  aussi   jalonnés  par  de  petites   bornes   :  “les tabellari”   ;  destinées  à marquer  les  distances intercalaires. Ces  intervalles étant  de 8 stades  au mille;  un stade équivalent 125 passum

Tout le monde  était d’accord sur l’itinéraire de la voie Domitienne dans notre  région.  Le commandant Pelissier avait tracé cette route dans un livre qui faisait autorité.

Un chemin, un sentier  plutôt,  suivait  bien  la côte, mais on s'accordait  à reconnaître que la portée  la plus basse de la plaine  qui s’appelle  encore  aujourd’hui “les Estaniels” et les bas fonds  des “Clots” de Fitou,  devait  être à l’état lagunaire à l’époque  gallo-romaine et antérieurement à cette  période.  

Enfin,  et  surtout, en  poursuivant plus  loin  du  côté  de l’Espagne  une  route  littorale se  serait  heurtée au  barrage  infranchissable sans  travaux d’art, que représentait le gouffre  de la Rigole,  coupant la mince  bande  de terre qui court entre  la  montagne et  l’étang  de  Salses.  On  aurait  retrouvé  des  vestiges  de  ces  travaux romains. Rien de pareil n’a été constaté.

Certains  ont  ainsi  prétendu qu’Annibal, venant  d’Espagne  établit  un  camp  au lieu  dit “Estacades”.  Il  y fit  reposer  ses  troupes  et  pour  preuve  indiquent que  l’on  a retrouvé enfoui  dans la terre de nombreux ustensiles d’origine  carthaginoise. On cite également le fait que des sépultures auraient  été découvertes le long de cette route.

Les  Estacades étaient une  petite  agglomération et le lieu  servait de port d’attache  à des barques  venant prendre  du miel, bois, poteries que des artisans  fabriquaient à Fitou.

Que  le  tracé  de  la voie  domitienne puisse donner  lieu à contestation par ailleurs,  c’est évident  en  l'absence de  réel  travaux  d'art. Mais dans la traversée du territoire de Fitou,  celui  indiqué par monsieur Pélissier s'impose   parmi   les  solutions proposées.

Le  2  septembre  1949   monsieur Auguste Castan    trouve    dans le rieu de treilles une borne milliaire portant l'inscription :

Des  contestations de  propriété s’élevèrent entre les amis du "vieux Sigean" et le musée archéologique de Narbonne. Le  tracé  de la voie domitienne donna  lieu à des actions  en justice   notamment  sur   la  possession du  milliaire ; finalement le musée archéologique de  Narbonne  obtint  gain  de cause.

D’après le docteur  Charles Pélissier,les amis du "vieux Sigean" et autres, le tracé de la voie domitienne suivrait le chemin d’accès  de Treilles   à  Fitou,  vers  le  col  des Auzinets. Etant  donné   la  force  du  plateau qui domine le Pla  de Fitou,  on peut se demander  s’il ne représente pas un antique oppidum.  Cette voie  franchit  un  dos d’âne  et côtoie  ensuite les  garrigues  le long  du côté ouest du Pla. A gauche,  se trouve la chapelle de  Saint Aubin,  autrefois  lieu  de  pèlerinage, fréquentée par le habitants de la commune. D'après les archives la chapelle avaiet été bâtie sur l'emplacement d’une ancienne léproserie. Il s’agirait d’un des anciens établissements hospitaliers qui jalonnaient les voies antiques.

On a trouvé dans ces lieux d’importantes    ruines gallo-romaines, un milliaire anépigraphe renversé. Au  milieu  de  l’amas  de  moellons, de débris,  de  tuiles   à  rebord  et  de  poteries de  toutes   espèces qui  bordent   la  voie,  on distingue l’angle  d’une  construction dont  le dégagement serait  sans  aucun  doute  d’un grand  intérêt. Le  site   est  par  lui-même  d’un  aspect   très  archaïque  et  donne   une impression de solitude et d’abandon.

Le  passage  de  la  voie  dans  le  Pla  de  Fitou  pose  le  problème de  l’assèchement de  la cuvette  et de la construction de l’aqueduc  souterrain qui en écoule  les eaux. Comme cet ouvrage  entièrement creusé   dans  le  roc ne  présente aucune   partie  maçonnée il  est naturel  de lui attribuer  une origine  antérieure à l’époque  romaine et, par suite,  de faire remonter le  passage  de  la voie  par ce  bas  fond  à la période  de  l’indépendance. Est-il possible de préciser  d’avantage  et d’admettre  comme  on l’a fait son creusement par les Ibères. Rien n’appuie  suffisamment cette thèse.

La voie longe  ensuite une paroi rocheuse désignée encore  de nos jours sous  le nom de “pared antique”.  De nombreux tessons de tuiles  à rebord, de poteries grossières ou fines, romaines, de pavés, d’amphores de monnaies...etc... ont  été  recueillis au voisinage de cette falaise. Un pavage en ciment  de plus de 3m de long sur 2 de large à été mis à découvert.

Au 2ème  stade, à gauche,  la bergerie Vidal et le chemin d’accès de Fitou  dans le sens  de l’Espagne;  à droite  la carrière  de plâtre. Ce chemin a servi autrefois pour l’exploitation des carrières,  dont  les produits  étaient exportés  vers le Roussillon. Le tracé ne présente plus la moindre  incertitude jusqu’à Salses.  La voie quitte  le pla de Fitou  pour atteindre le plateau  des Arques sur lequel  se trouve la limite  avec le Roussillon.

A cette  hypothèse s'oppose  celle  de la via domitia  le long  des axes routiers  actuels ( ancienne RN 9 en  particuliers). Pierre  Gabignaud  en  est  l'ardent  défenseur.

L'HYPOTHESE GABIGNAUD

La découverte du milliaire de Domitius, dans le lit du ruisseau de Treilles, ne devait pas manquer de donner une impulsion nouvelle aux recherches archéologiques de tous temps en honneur au Pays Fitounais.

Or, si les nombreuses reconnaissances effectuées sur ce versant maritime des Corbières ont permis de faire des constatations nouvelles quant à l’habitat gallo-romain en général, par contre il n’a pas été possible jusqu’ici de retrouver le moindre vestige se rapportant indiscutablement au tracé même de la voie domitienne dont le XXème mille reste le seul témoin isolé.

Toutefois, au cours des recherches limitées à la région fitounaise et ses abords immédiats, il est apparu que la zone d’investigation pouvait utilement se circonscrire au Nord et au Sud du hameau des Cabanes, car c’est sur cet espace relativement étroit, véritable passage obligé enserré entre les derniers contreforts montagneux et la lagune, qu’ont été relevées, à défaut de preuves matérielles irréfutables, les indications les plus convaincantes quant au passage en ces lieux de la via domitia.

Mais avant d’aborder le fond du problème, nous pensons qu’il est utile de revenir sur quelques données historiques, à seule fin de mieux situer la question dans le cadre qui lui est propre.

On sait qu’à la suite du conflit opposant la république Romaine aux Ligures, lors de l’agression contre Marseille en –154, les tribus Volques impliquées dans cette affaire furent contraintes de reconnaître aux Romains le droit de libre passage à travers leur territoire national, c’est à dire entre le Rhône et les Pyrénées-Orientales.

Ce droit comportait en fait la possibilité pour les troupes romaines d’utiliser un couloir d’une largeur de 5 milles qui, à partir du Rhône et après avoir longé la côte de la Méditerranée, venait déboucher dans la plaine d’Ampurdan en direction de Gérone. Comme on le voit ce couloir englobait un tronçon du chemin d’Héraklès qui suivait au plus prés le rivage. Son utilisation allait donc permettre de réaliser la liaison attendue avec les forces romaines opérant, au delà des monts, dans cette Espagne dont l’annexion nominale, bien que datant de –206, était encore loin d’être un fait accompli.

C’est donc à partir de l’an 154 avant notre ère que Rome mettant à profit l’affaire de Marseille prit officiellement contact avec notre région. Ainsi pour la première fois dans l’histoire, cette partie de l’ancienne piste hérakléenne allait résonner sous le pas des légions en marche ; après avoir assisté naguère à l’imposant défilé de l’armée d’Hannibal.

Cependant, les réactions ne pouvaient manquer d’être sensiblement différentes. En effet, le général Carthaginois avait été très habile pour s’attirer la sympathie des tribus riveraines, au point d’avoir vu le passage de ses troupes grandement facilité, depuis les Pyrénées jusqu’au Rhône, par une neutralité bienveillante. Les Romains, au contraire, allaient se trouver cette fois-ci, en présence d’un pays hostile, humilié. Ne venait-on pas d’imposer aux populations Volques un véritable tribut, en instituant sur leur propre territoire un droit de passage quelque peu abusif, parce que permanent ?

Il est vrai qu’en d’autres temps, Rome ne se fut point contentée d’un droit aussi précaire et il est probable que cette autre partie de la Gaule eut été annexée à son tour sans plus de ménagement.

Mais, on n’a pas toujours à portée de la main l’armée de sa politique. De plus, l’on conviendra ici que les circonstances se prêtaient mal à une intervention militaire de grande envergure, car non seulement le gros des forces romaines se trouvait engagé sur divers théâtres d’opérations extérieurs, mais encore la proximité de la péninsule Ibérique, en proie à l’insurrection, commandait plus que jamais la prudence.

C’est pourquoi, une fois la rive gauche du Rhône solidement tenue, il convenait de faire preuve de modération à l’égard des populations autochtones ; établies sur la rive opposée ; tout en s’accommodant pour le mieux du « modus-vivendi » adopté.

Du reste, l’occasion de venger l’affront infligé en –212 aux représentants de la République n’était que différée.

L’on se souvient qu’à l’époque , les délégués du Sénat, après s’être efforcés en vain de persuader les guerriers Volques de s’opposer par la force au passage de l’armée punique à travers leur pays, s’étaient vus éconduire sans le moindre égard à l’issue de la fameuse entrevue de Ruscino.

Donc, dans l’immédiat, l’utilisation du couloir concédé devait permettre d’acheminer par voie de terre les renforts destinés aux légions stationnées en Espagne. Par suite, la flotte romaine, jusque là surmenée, allait se trouver en partie disponible pour d’autres missions dont la plus rapprochée dans le temps visait à l’anéantissement de la cité rivale : Carthage (-146)

Le couloir des 5 milles (-154)

L'annexion de l'Arc Littoral (-118)

Durant cette période transitoire qui va de –154 à –118, nous ignorons ce que fût le comportement des tribus riveraines au passage des troupes et des convois en transit vers l’Espagne. Mais, il n’est pas exclu que l’acheminement de ses renforts se soit heurté parfois à l’hostilité des habitants, en particulier au cours de la progression aux abords du massif des Corbières que dominait au sud-est le réduit de Sordonia (Opoul).

L’hypothèse est d’autant plus vraisemblable que cette contrée renommée pour sa désolation pathétique s’est révélée de tout temps propice aux coups de mains. A fortiori si l’on tient compte du fait que bien plus tard, en –72 notamment, Pompée se trouva dans l’obligation de s’ouvrir par les armes un passage à travers nos régions, afin de se rendre en Espagne pour combattre les troupes de Serorius.

Aussi, tout laisse supposer que le libre usage du couloir des 5 milles restait soumis, en fait, à toute sorte d’aléas et cela en raison de son exiguïté même qui, pratiquemment, se réduisait à l’approche du Lac Sordicème (L’étang de Salses/Leucate actuel).

D’où la nécessité pour Rome de s’affranchir au plus tôt de cette restriction gênante en vue de renforcer au maximum la sûreté de ses communications. Autant dire que l’annexion pure et simple n’était plus qu’une question de temps.

A la veille de cet événement capital pour l’indépendance de cette partie sud de la Gaule qui confine aux Pyrénées, le Sénat et le peuple romain étaient bien près d’étendre leur hégémonie à l’ensemble du bassin méditerranéen.

Depuis -146 l’orgueilleuse Carthage avait été rayée, si l’on peut dire, de la carte du monde connu et ses possessions africaines étaient passées sous le contrôle des vainqueurs.

Après bien des vicissitudes, la Grèce était à son tour conquise et l’Orient subjugué ou neutralisé. L’Espagne, enfin, paraissait (à quel prix) s’engager sur le chemin de la pacification, une fois consommée la destruction de Numance (- 133).

Il ne restait donc plus pour conclure qu’à river son dernier maillon à cette chaîne de fer tendue tout autour d’une mer asservie. Et c’est vers l’an –118 que le cercle se referma par notre région sur la mer intérieure devenue désormais la « Mare Nostrum » des romains.

Ainsi, ces Volques belliqueux qui avaient jadis osé défier Rome passaient à leur tour sous le joug.

Nous ne savons rien des raisons ou prétextes invoqués pour justifier l’occupation et aucun renseignement ne nous est parvenu sur le déroulement des opérations militaires. Nous savons simplement que le commandement des troupes fut confié à Domitius Ahenobarbus, celui-là même qui devait léguer son nom à la grande voie du sud.

Cette campagne décidée à son heure et pour une raison d’opportunité, s’inscrivait, comme nous l’avons vu, dans un plan d’ensemble visant en définitive à dominer la Méditerranée par le contrôle effectif des régions circonvoisines. Dans le cas présent, la manoeuvre tendait en même temps à isoler de la Gaule une Espagne encore peu sûre, tout en permettant la mise en place de ce côté-ci des Pyrénées, d’un système de protection plus étoffé et destiné à couvrir la voie du littoral.

L’histoire est muette sur les réactions des indigènes en présence de l’envahisseur. Mais, il est probable qu ‘une fois la région littorale organisée, la pénétration vers l’intérieur dut s’opérer par infiltration à travers les vallées transversales ; la diplomatie allant de pair ou précédant la marche des détachements.

Quoi qu’il en soit, les territoires nouvellement occupés furent rattachés à la partie de la Gaule méridionale précédemment annexée en – 154. L’ensemble de ces régions pris le nom de province Romaine Transalpine ou Gaule Narbonnaise, du nom de sa capitale : Narbonne.

La Via Domitia

Dans l’exposé qui précède nous nous sommes efforcés de mettre en évidence le rôle primordial dévolu dans le domaine stratégique à la grande voie du littoral. Ce n’est que plus tard au cours de cette longue période de tranquillité que valut au monde latin « la paix romaine », que cette artère vitale pour l’empire s’ouvrit peu à peu au trafic commercial, complétant heureusement la voie maritime qui devait elle aussi, contribuer à l’essor de Narbonne et de ses avant-ports.

Cependant, pour aussi surprenant que le fait apparaisse aux yeux de personnes non averties, nous en sommes réduits de nos jours à nous demander, en dehors de ses grandes lignes, quel pouvait être à travers nos contrées l’itinéraire suivi par la voie proconsulaire.

En effet, quand on se penche sur l’énigme posée par le tracé de l’antique voie, l’on ne manque pas de remarquer que les textes auxquels il est possible de se référer sont relativement peu nombreux et leurs données par trop laconiques. Il en va de même, du reste, pour les divers itinéraires parvenus jusqu’à nous ; sans oublier la carte dite Peutinger.

Tous les documents, s’ils donnent une idée succincte de l’itinéraire suivi par la Via Domitia dans le sud de la Gaule, ne tardent pas à se révéler insuffisantes dès que l’on essaie de rétablir son tracé, même approximatif, à travers une région déterminée.

Certes, l’historien grec Polybe nous fournit d’utiles précisions sur le bornage de la grande voie du sud à une date donnée. La voie du littoral se trouvait jalonnée, dès –114, par des bornes disposées de huit en huit stades ; cette distance représentant la longueur d’un mille romain soit 1485 mètres. Mais, ces éléments pour si intéressants qu’ils puissent être, ne sauraient être d’aucun secours dans la recherche de l’itinéraire suivi par l’ancienne voie au cours de la traversée du pays fitounais, par exemple.

Et, c’est ainsi que deux thèses, au premier abord inconciliables, n’ont cessé de s’opposer jusqu’ici quant au tracé présumé de la voie Domitienne sur ce derniers parcours.

La plus ancienne voulait, conformément à la tradition, que la voie romaine suivit dans la plaine les bords de la lagune. C’est l’itinéraire le plus court. Une thèse plus récente estimait au contraire que cette voie, en provenance de Narbonne, aboutissait par le ravin de la Clotte (commune de Roquefort) au Pla de Fitou . C’est à dire en suivant à l’est du village de Treilles la ligne des hauteurs pour se diriger ensuite vers Salses, par le col des Arques. 

Les positions étant prises, chacun des tenants restait ferme dans ses convictions, lorsque tout récemment la découverte du XXéme mille est venue tout remettre en question.

Nous nous bornerons donc, pour commencer à résumer succinctement les thèses en présence, tout en avançant les arguments qui nous paraissent propres à confirmer ou infirmer les différentes hypothèses ou affirmations. Ensuite, nous relaterons les recherches entreprises jusqu’à ce jour sur l’ensemble de la région fitounaises en vue d’identifier la Voie Domitienne. La conclusion suivra.

La voie des hauteurs

Il existe en effet un ancien chemin qui venant du ravin de la Clotte passe aux abords de la ferme de l’Estradelle, cotoie le Pla de Fitou, pour bifurquer ensuite en direction des villages de Salses et d’Opoul.

Ce chemin, jalonné par une borne milliaire anépigraphe découverte à proximité du lieu-dit : « la pared antique » présente incontestablement toutes les caractéristiques d’une voie de l’époque gallo-romaine. Toutefois et compte-tenu des milliaires de La Clotte, rien ne permet d’affirmer à priori que l’on se trouve ici en présence de la Via Domitia. D’autant plus que le vocable de l’Estradelle qui s’identifie avec les chemins en cause, n’est autre que le diminutif latin de strata, et il serait pour le moins surprenant que l’on ait choisi un tel diminutif pour désigner la voie Domitius qui était précisément la voie par excellence (via domitia principa)

Nous inclinerions plutôt à penser que ce diminutif servait à désigner une artère de moindre importance, tributaire elle-même de cette autre voie transversale qui, en provenance de l’est passe encore aux abords du hameaux de Hourtoux (D 27) au lieu-dit : « les estrades » au nom si évocateur.

De plus en se basant sur l’aspect du terrain et étant donné la présence voisine du village de Treilles et du lieu-dit « Le Tour », on serait porté à croire que cette voie des hauteurs a été construite pour des raisons stratégiques.

Il est fort possible, en effet, que des tours de guet faisant parties d’une ligne de surveillance aient été reliées entre-elles par un réseau commun desservant également le Castellum de Salses et celui de Fitou, ouvrages destinés à l’origine à couvrir la Voie Domitienne proprement dite située plus à l’est dans la plaine. Et, dans ce cas, le résultat recherché ne pouvait être obtenu qu’en neutralisant d’abord le réduit d’Opoul (Sordonia) dont la capitulation pouvait être escomptée à plus ou moins brève échéance.

On notera au passage qu’un tel dispositif de sécurité dont on soupçonne ici et là l’existence (en particulier à la Pared antique ou les rochers semblent correspondre à une idée de défense caractérisée) constituait en même temps une véritable base de départ en vue d’opérations ultérieures tendant en définitive à l’occupation du massif montagneux tout entier.

Dans cette éventualité, étant donné que le bornage de la voie littorale était déjà un fait accompli depuis –114, il faudrait alors admettre que sa construction (ou son aménagement) avait dû commencer dès l’occupation effective du couloir concédé (-118) et par suite, sans attendre la pacification complète des territoires avoisinants.

Ainsi s’expliquerait la co-existence à une certaine époque des deux voies parallèles certes, mais construites pour des fins différentes. Ce qui revient à dire que la présence au Pla de Fitou, d’une route statégique n’exclut nullement la possibilité d’existence de la Via Domitia, dans la partie basse du territoire fitounais.

La voie de la plaine

Mais, si l’on peut suivre pas à pas l’itinéraire qu’emprunte la voie des hauteurs dans la région fitounaise, il n’en va pas de même pour la voie romaine que la tradition situe le long du littoral dans la plaine ; au point que son existence même a été longtemps mise en doute et a donné lieu à maintes controverses.

En fait, si l’on aperçoit parallèlement à la route nationale 9 et au chemin de fer quelques pistes qui cheminent ici et là, à travers la garrigue ou le long des étangs, rien ne permet de les dater. La seule certitude que l’on puisse avoir c’est qu’elles sont fréquentées par les troupeaux depuis des temps immémoriaux.

Toutefois, aux abords du Domaine de Pédros, à l’est de la voie ferrée, on croit reconnaître un tronçon de l’ancienne route royale, vraisemblablement délaissé après rectification du tracé reporté plus à l’ouest, afin de ménager un passage pour la ligne de chemin de fer de Narbonne à Perpignan.

Comme on le voit, les reconnaissances effectuées sur le terrain, en vue de retrouver les vestiges de la voie de Domitius, se révèlent ici, une fois de plus décevantes.

Cependant, les faits suivants méritent d’être portés à l’actif des recherches, ne serait-ce qu’à titre documentaire et pour les sauver de l’oubli .

A la fin du 19 siècle, une équipe de cantonniers occupée à planter des arbres sur l’accotement de la route nationale, au lieu-dit « les Estacades », mit à jour plusieurs sépultures de l’époque gallo-romaine. Tout récemment encore, une tombe de la même époque, du type « à caisson », était découverte fortuitement au bord de la route non loin de ce tènement. On pouvait apercevoir, sur le même alignement et à proximité, l’emplacement de trois autres sépultures disposées parallèlement à la chaussée.

D’après les trouvailles antérieures et les recoupements effectués, une véritable nécropole attenante à un habitat gallo-romain s’étendrait, ici, de part et d’autre de la route actuelle, comme semble le confirmer par ailleurs certaines constatations effectuées dans les vignes avoisinantes et l’étude des toponymes de la région quant à l’habitat précité.

Mais est-ce une raison suffisante pour estimer que la voie Domitienne passait effectivement en ces lieux, alors même que ces alignements de tombes en bordure du chemin soient dans la pure tradition romaine ?

Il paraît téméraire de l’affirmer avant d’avoir la preuve que la nationale 9 (ancienne route royale) est bien dans ces parages la survivance de l’antique voie.

Notons au passage que la découverte du XXéme mille dans le lit du ruisseau de Treilles, pour si importante qu’elle puisse être, ne peut fournir aucune précision sur la substitution de route envisagée.

Aussi, avant de rechercher si il existe une solution possible à ce problème, nous pensons qu’il y a intérêt à examiner d’abord les arguments pour ou contre le passage de la Via Domitia dans la plaine fitounaise.

Une hypothèse vraisemblable

En relation avec les données générales qui nous ont été transmises par les anciens sur l’établissement des voies antiques, on a prêté parfois aux techniciens de la grande voirie romaine une aversion systématique pour la traversée des régions marécageuses, sans parler de la hantise des pirates venus de la haute mer.

Ici, il faudrait s’entendre ; d’abord, en ce qui concerne la piraterie proprement dite, la question ne se posait pas, à Fitou, d’une manière impérative en raison notamment de la présence à l’Est de cet obstacle naturel que constitue le cordon littoral.

D’autre part, un tracé de route envisagé au pied des derniers contreforts des Corbières ne présentait pas non plus de difficultés majeures étant donné que ce tracé se situait la plupart du temps sur un fond rocheux, comme c’est le cas pour la route actuelle.

Enfin, quant à la construction de la voie elle-même, en particulier pour les parties à exécuter en remblai, les matériaux abondaient à pied d’oeuvre et le personnel ne manquait certainement pas.

Du reste, si l’on voulait citer un exemple original de la technique romaine en matière de franchissement de marais, on le trouverait sans peine sur le parcours de la voie stratéfique dont nous avons déjà parlé ; en effet, cette dernière qui emprunte au Pla de Fitou, les bords d’une dépression relativement considérable, a du être préservée de la submersion par l’assèchement d’un ancien cratère dont la partie inférieure sert de réceptacle naturel aux eaux de ruissellement d’alentours. Le drainage a été réalisé au moyen d’un émissaire long de 200m et creusé en partie dans la roche vive. Ajoutons que le fait n’a rien d’extraordinaire en soi, si l’on veut bien se souvenir que les romains étaient passés maîtres dans cet art qui prit vraisemblablement naissance dans les Apennins.

Par ailleurs, si nous nous référons aux textes mêmes, nous constatons que les auteurs de l’Antiquité qui ont été amenés à parler de la voie domitienne s’accordent tous pour situer cette voie au plus près de la côte : « juxta ora maritima ».

Au moyen-âge, Julien de Tolède (7ème siècle) fait allusion dans ses écrits à la « voie publique du littoral ». De même un manuscrit datant de 1294, cité par monsieur l’abbé Sabarthès, nous indique que l’hôpital de Fitou se trouvait à cette époque sur le chemin public qui va de Narbonne à Perpignan et au quartier de la Madeleine, c’est à dire au nord des Cabanes de Fitou, près de l’étang.

Plus près de nous un plan cavalier exécuté en 1629 (au cours du siège de Leucate) nous représente entre autres chemins l’ancienne route royale dont le tracé suit « grosso modo » la direction générale de la route nationale actuelle. Il en va de même pour la carte Cassini (18ème siècle).

Dès lors, en l’absence de tout vestige se rapportant à la chaussée proprement dite (la découverte du XXème mille ne pouvant donner qu’une vague indication) est-il déraisonnable de situer la via domitia dans la plaine ? Certainement pas, d’autant plus qu’une explication plausible vient naturellement à l’esprit : « nous voulons faire allusion à un remaniement ou plutôt à une superposition probable de routes intervenue au cours des deux millénaires passés. Et c’est pourquoi nous avons estimé que seule la connaissance approfondie de la toponymie locale pourrait peut-être nous donner quelques indications utiles dans cet ordre d’idée 

En effet, comme on le verra par la suite, cette étude combien captivante ne devait pas tarder à nous laisser entrevoir des horizons nouveaux, si il est permis de s’exprimer de la sorte pour désigner des temps révolus.

Un raccourci qui mène loin

Dans ce domaine encore peu exploré que représente la toponymie locale, la première difficulté consistait à réunir la documentation indispensable sans omettre pour autant la tradition orale qui lui sert de complément régulier.

Ensuite, le recensement des noms de lieux étant terminé, il convenait d’abord d’éliminer d’abord les vocables de formation récente pour ne retenir en définitive que les noms d’origine latine, notamment ceux paraissant avoir un certain rapport avec les voies de communication en général et les voies romaines en particulier.

Au cours de cette discrimination, nous n’étions pas peu surpris de constater que les toponymes retenus se situaient de part et d’autre de la nationale 9. De plus, nous remarquions au passage que cette dernière route ne chavauchait nullement aucun des tènements rencontrés, mais qu’elle leur servait au contraire de limite propre ; ce qui représentait à nos yeux une preuve supplémentaire de son existence passée.

Et notre étonnement fut grand lorsque nous eûmes découvert sous le vocable de « Trèmes Vie », le « TRAMES VIAE » des romains ; autrement dit le « chemin de traverse », celui qui reliait le lieu de Fitou à la grande voie du sud.

C’est ainsi qu’après avoir reconnu sur le terrain et situé sur la carte ce raccourci d’où le tènement de Trèmes vie tirait son nom, nous étions amenés à faire cette constatation capitale : à savoir que l’origine de ce chemin se trouvait à 40 mètres environ au nord du point coté 9, sur la route nationale même. Précisons qu’à cet endroit la route moderne ne se trouve plus qu’à quelques 400 mètres du rivage de l’étang. Le point de jonction étant pris comme base de départ, il était aisé de remarquer que le raccourci en question se dirigeait incontestablement vers Fitou.

Il fallait dons se rendre à l’évidence : à la bifurcation de Trèmes Vie, la nationale 9 s’identifiait avec l’antique voie littorale dont elle assurait la survivance à cet endroit précis. Par suite, aucun doute n’était plus possible, c’était bien dans la partie basse du territoire que passait la voie domitienne.

Ce résultat étant acquis, il restait encore à déterminer si le tracé de la route actuelle suivait dans ses grandes lignes celui de l’antique voie ; du moins pour ce qui est du tronçon compris approximativement entre le Ruisseau de Treilles et la ligne de démarcation départementale en direction de Salses.

Effectivement, il paraît possible de répondre par l’affirmative si l’on juge d’après l’interprétation des lieux-dit qui jalonnent un itinéraire sensiblement commun aux deux voies.

Mais, avant d’émettre une conclusion motivée, nous pensons qu’il y a intérêt à placer sous les yeux du lecteur la liste de ces lieux-dits fitounais. Le commentaire succinct qui leur a été annexé permettra de les identifier facilement sur la carte et sur le terrain.

ETUDE DES TOPONYMES

A tout seigneur… tout honneur, nous commencerons donc par le vocable du Paurel qui se trouve étroitement lié à l’histoire des tènements situés dans la plaine.

On désigne sous cette appellation ce bras de mer qui, au nord de l’étang de Leucate et de Salses, s’avance à l’intérieur des terres en direction de La Franqui.

Les eaux du Paurel baignent à l’est les côtes de la presqu’île de Leucate et, à l’ouest, la rive fitounaise où se situent les tènements des Estacades, de Canaveyres et de la Mija dal Crest( milieu du crès).

Ce plan d’eau représente la partie sud de l’ancien chenal qui faisait communiquer jadis l’étang de Leucate avec le Grau de La Franqui plus au nord.

LE PAUREL

De nos jours le Paurel se trouve fortement ensablé et nous avons quelque peine à imaginer ici, la flotte espagnole du Duc D’Olivarès évoluant dans le tonnerre de ses canons pour tenter, mais en vain de débloquer Leucate (1637).

Cependant ce toponyme empreint de majesté ne constitue pas moins une véritable énigme dont l’explication, si elle pouvait nous être donnée, éclairerait peut-être d’un jour nouveau l’histoire de cette partie du territoire fitounais connue sous le nom de la Plaine.

Sommes nous en présence de ce port Aurélien recherché sans succès sur la côte de la Narbonnaise ?

Il n’y aurait rien d’impossible, car le vocable du Paurel semble bien dériver de la contraction du terme latin : « Portus aurélianus » du nom de l’empereur Aurélien.

D’autant plus que l’emplacement d’un embarcadère à proximité des marais salants , sa situation en face de la trouée des Corbières (col de feuilla) et aux abords de la voie littorale paraîtrait tout indiqué.

Ajoutons enfin que toutes les observations faites jusqu’ici permettent de supposer qu’un emporium devait exister aux environs ; nous aurons du reste l’occasion d’y revenir par la suite.

Ce lieu-dit sur le territoire de la commune de Caves est situé à l’est de la nationale 9 et au nord du ruisseau de l’Aréna dont le cours matérialise en cet endroit la ligne de démarcation entre les deux communes de Fitou et des Caves.

Du point de vue étymologique, ce toponyme peut recevoir deux acceptions différentes selon qu’on le rattache à l’un ou l’autre des deux substantifs latins : «tractus » (de trahere) ou de « trajectus » (de trajicio).

LA TRAITE

Ce lieu-dit sur le territoire de la commune de Caves est situé à l’est de la nationale 9 et au nord du ruisseau de l’Aréna dont le cours matérialise en cet endroit la ligne de démarcation entre les deux communes de Fitou et des Caves.

Du point de vue étymologique, ce toponyme peut recevoir deux acceptions différentes selon qu’on le rattache à l’un ou l’autre des deux substantifs latins : «tractus » (de trahere) ou de « trajectus » (de trajicio).

En effet :

1- Tractus est le terme employé communément en latin pour désigner l’étendue de chemin que l’on parcourt sans s’arrêter entre deux étapes, nous dirions également en français : « tout d’une traite ».

2- Trajectus évoque l'idée de transit, d’embarquement de transbordement, voire de trafic.

Dans les deux cas et de part sa signification propre, tout laisse supposer que le vocable connu de nos jours sous le nom de la Traite a été donné, à l’origine, à ce tènement par rapport à une voie de communication passant à proximité immédiate (vraisemblablement la Via Domitia dont le XXème mille a été retrouvé, comme nous avons eu l’occasion de le dire, à quelques 1300m plus au nord et à une vingtaine de mètres à l’ouest de la nationale 9 dans le lit ensablé du ruisseau de Treilles).

Par suite, il est permis de se demander si ce toponyme ne désignerait pas l’emplacement occupé à l’époque gallo-romaine par une hôtellerie qui trouverait normalement sa place à un gite d’étape. L’on n’oubliera pas, en effet, que la Traite se trouve à peu près à moitié chemin de Narbonne et de Castel-Roussillon, ces deux cités étant séparées par une distance de XL mille et que la longueur d’une étape journalière est de XX milles romains.

Ajoutons pour mémoire, qu’à la fin du 18ème siècle, le relais de la Poste entre Narbonne et Perpignan se situait encore aux Cabanes de Fitou, c’est à dire à 6km au sud de la Traite, sur la nationale 9.

De plus, les vestiges d’un ancien chemin qui se dirige vers les Corbières, en direction du col de Feuilla, indiquerait que c’est bien aux abords de la Traite que bifurquait, en direction ouest une autre voie latérale . De nos jours cet ancien chemin a été délaissé au profit de la nouvelle route départementale et l’ancienne bifurcation s’est retrouvée reportée de fait de quelques 400m plus au nord pour constituer avec la route de La Franqui – Leucate le carrefour dit des « quatre chemins ».

Or, d’après la topographie des lieux et à l’instar de ce qui se passe actuellement, il y a tout lieu de croire qu’indépendamment du trafic normal, s’écoulant par la grande voie littorale nord-sud et par la route secondaire en direction ouest (col de Feuilla), des échanges commerciaux devaient s’effectuer également en direction de la mer, vers le Paurel, Leucate et vice versa. Et il est bien possible aussi que ce soit le lit sablonneux de l’Arena qui ait servi de chemin d’accès vers l’est, tout en restant pour les autochtones une véritable carrière de sable (arenaria) d’où lui vient probablement son nom.

Dans ces conditions comment n’être pas amené à penser que l’ancien carrefour de la Traite pourrait bien s’identifier avec la XXème station de la voie romaine, recherchée jusqu’ici sans succès. Et l’on nous accordera sans peine que le nombre de XX milles n’implique pas obligatoirement que l’ancienne Station ad Vigesimum dût se trouver exactement à la borne milliaire même, mais bien à l’endroit le plus favorable aux alentours. De même l’on conviendra que l’emplacement d’une hôtellerie-relais en ce lieu paraîtrait bien indiqué.

Précisons qu’à la Traite même aucun vestige n’a pu être repéré en surface ; mais le fait n’a rien de surprenant attendu que cette partie du territoire désignée communément sous le nom de « La Plaine » a été mise en culture et par suite nivelée depuis un temps immémorial.

Cependant, avant d’en terminer avec ce lieu-dit, il reste à mettre en évidence un point important quant à la destination possible de cet habitat gallo-romain reconnu à proximité et qui s’étend à la fois sur le tènement des Estacades, des Terrugues et Canaveyres, aux abords du Paurel ; car c’est à cet endroit qu’ont été mis à jour (notamment au 19ème siècle) quantité de tessons et objets divers, sans oublier une tête de statue en marbre et de nombreuses pièces romaines y compris des monnaies d’Ampurias, Barcino et autres lieux (n’oublions pas que la tradition populaire situe à la Plaine un village aujourd’hui disparu).

Nous trouvons-nous ici en présence d’un ancien emporium établi non loin d’un important noeud de communications et dont la Via Domitia constituait l’artère principale ?

Il n’y aurait rien de surprenant car, indépendamment des vestiges qui émergent encore aux environs ou qui ont été repérés dans le sous-sol au cours de travaux agricoles, le seul vocable de Canaveyres (canabae = entrepôts, magasins, boutiques) nous y inciterait. A plus forte raison s’il pouvait être démontré un jour que sous le nom du Paurel se dissimule le « Portus Aurélianus » des anciens.

Certes l’hypothèse n’est pas à rejeter à priori, ner serait-ce qu’en raison des salines qui existaient à proximité ; n’est-ce pas dans la région de Salses que l’on situe un port saunier aujourd’hui disparu ?

Quoi qu’il en soit l’antique carrefour de la Traite pris absolument devait constituer à n’en pas douter un point de repère important sur le parcours de la voie domitienne.

Tènement situé au nord du cours inférieur du ruisseau de l’Aréna et dont l’emplacement se trouve compris entre la nationale 9 et le Paurel.

Il semblerait à première vue que ce lieu-dit doive son appellation à un ouvrage défensif construit à l’aide de madriers et disposé par les troupes françaises au travers du Paurel, lors du siège de Leucate en 1637, afin d’interdire l’accès du chenal aux bateaux espagnols.

LES ESTACADES

Précisons que cet obstacle est dénommé « Palissade » et non « Estacade » sur la légende (en langue allemande) inscrite au bas d’une estampe reproduite dans le livre de Ch. Vassal-Reigt : « la guerre en Roussillon ».

Or a défaut des textes antérieurs auxquels nous puissions nous reporter, nous persistons à penser qu’il s’agit ici d’une coïncidence toute fortuite et que ce toponyme a une origine plus ancienne. En effet, au même titre que l’Estaque à Marseille, ce nom doit dériver du bas latin « Tasea » (lien, attache) ; terme qui a donné en dialecte occitan le verbe « estacà » (attacher) d’où Estacades correspond à : "lieu où l’on amarre les bateaux".

Pris dans ce sens, ce vocable s’appliquerait donc à la partie du Paurel où l’on avait l’habitude d’amarrer les embarcations ; d’où le nom des Estacades donné par extension au tènement riverain.

Est-il besoin de souligner combien cette façon de voir renforcerait l’hypothèse émise quant à la possibilité d’existence d’un embarcadère en ces lieux ?

Signalons en passant, qu’en dehors des substructions repérées dans le sous-sol (en particulier dans la propriété de L. Abélanet) il a été recueilli aux Estacades de nombreuses monnaies en bronze et quelques autres en argent ; sans oublier tout récemment, en surface , une pièce d’or à l’effigie de l’empereur Néron.

CANAVEYRES (CANABEYRES)

Tènement faisant suite à celui des Estacades et situé entre la route nationale 9 et le Paurel.

Ici, une remarque préliminaire s’impose au sujet de ces deux ortographes différentes (à une lettre près) mais qui ne saurait pourtant prêter à discussion. On sait en effet que les habitants de la région ont coutume de prononcer, dans le dialecte, la lettre V comme s’il s’agissait d’un B . Du reste, ces derniers ne détiennent pas le monopole exclusif de cette confusion phonétique qui est partagée, à quelques nuances près, par les Espagnols eux-mêmes.

Quant à savoir depuis quelle époque cette façon de prononcer le V s’est manifestée en Languedoc, il n’est que de se rappeler la célèbre boutade décochée par un auteur de l’Antiquité à nos frères latin « tras los montes » pour comprendre que cette pratique ne date pas d’hier : « felices hispani, quibus vivere est bibere » (heureux espagnol, pour qui vivre c’est boire).

Ce point de détail étant réglé, il reste que le vocable de Canaveyres (ou canabeyres) peut s’entendre de différentes manières :

- 1/ selon qu’on le rattache à l’expression latine « canabarium rivus », c’est à dire « le ruisseau des entrepôts » ; « canabae » signifiant à la fois baraques, magasins, entrepôts et boutiques ;

- 2/ ou bien que l’on veuille voir exclusivement dans ce toponyme la désignation de l’emplacement occupé par ces immeubles, par rapport à la voie romaine, et dans le sens précis de : « …in loco ubi sunt canabae viarae » (les entrepôts situés aux bord de la route).

- 3/ Il est possible également de faire dériver le nom de Canaveyres du terme latin «canabae veredariae » qui désignerait ainsi par extension, l’endroit où l’on garait les voiture de la Poste, les remises en quelque sorte. Etant donné la distance qui sépare ce lieu du relais supposé de La Traite (800m environ), cette définition paraît difficilement acceptable. D’autant plus que le tènement de Canaveyres est encore appelé parfois « les Baraques » ; appellation qui dénoterait une réminiscence de l’époque gallo-romaine et nous inciterait à penser que Canaveyres désignerait plutôt l’emplacement occupait jadis par des locaux à usage commercial.

Sans insister autrement sur la terminaison « veyres », il est certain que le terme de « Canabae » pris absolument évoque une idée de trafic ; et nous posons la question :

- à quel endroit ces boutiques ou ces entrepôts pouvaient-ils être mieux situés, si ce n’est aux abords d’un important noeud de communication et non loin du Paurel ?

Ajoutons que les reconnaissances effectuées sur le terrain confirment les enseignements de la toponymie.

En effet, on peut apercevoir de nos jours, à Canaveyres, les fondations d’anciennes constructions gallo-romaines, avec quelques fragments de pavage en briques placées de chant (ce pavage ne tardera pas à disparaître du fait des amateurs de souvenirs). Il existe encore sur place des pierres de taille avec emplacements pour les gonds, de nombreux tessons jonchent le sol aux alentours : « débris de tuiles du modèle à rebord et scutum, fragments de dolia, amphores, lampes, poteries diverses et jusqu’aux balles d’argile apparemment utilisées par les frondeurs.

A ce propos, on nous permettra de faire une courte digression pour situer un fait qui mérite tout particulièrement d’être mis en évidence. A ce même endroit, il a été retrouvé en surface quatre fragments de terre cuite sigillée, différents des tuiles ou briques ordinaires. Ces fragments portent sur une face des rainures circulaires, comme si ces dernières avaient servi de support à des vases travaillés au tour ou disposés pour la cuisson. Sur l’autre face figure la marque du fabricant estampée en belles capitales romaines de 1 cm :

T. F. AD. LIC.

Sigle que nous proposons de lire : « Tessella Ficta ApuD LICinium » ; et de traduire par : « carreau (ou pavé) fabriqué dans les ateliers de Licinius » sans écarter les variantes de Licius ou Licianus.

Précisons que ces carreaux ne portent aucune trace de mortier. Doit-on en déduire qu’ils avaient été mis au rebus pour servir ensuite à un autre usage ? Faisaient-ils partie à l’origine d’un lot de matériaux de fabrication locale et destinés à l’exportation ? La cité de Narbonne se trouvait alors en pleine expansion et le transport de ces matières pondéreuses pouvait se faire sans trop de difficultés au moyen de barcasses, par le Paurel et les graus. Le raisonnement inverse qui constituait à voir dans ces carreaux des articles venus de l’extérieur paraît difficilement soutenable. Car dans cet ordre d’idées, il ne faut pas oublier que Fitou s’appelait encore FICTORIUM au Xème siècle et que ce vocable se rattache directement aux arts plastiques : « fictor » servant à désigner en latin non seulement le sculpteur mais encore chacun des spécialistes de la céramique en général.

Faut-il ajouter de surcroît qu’il existe aux environs les lieux-dits suivants :

- La mija dal crès (gressius = le grès)

- Le fournas (fornax = four)

- Teulières ( tégularius = littéralement le marchand de tuiles, de briques…)

- Sans omettre le Ruisseau des Moucheyres qui n’est peut-être que la déformation de l’expression latine « Museiarii rivus », le ruisseau du mosaïste et par extension du carreleur.

Signalons enfin que tous ces toponymes se situent de part et d’autre de la nationale 9, sans le moindre chevauchement.

LES TERRUGUES

Altération probable du latin « tuguria » alias « téguria », de tégurium = les habitations, huttes, chaumières…

Situé à l’ouest de la nationale 9, entre La Traite et le Pech de l’Avellane (Pech de l'Abelanet), ce tènement se trouve à cheval sur le cours moyen du ruisseau de Canaveyres et devait certainement englober à l’origine le lieu-dit « Camp de la Sors » ( Champ des soeurs) d’appellation récente (18ème siècle).

Les Terrugues confrontent au sud-ouest, le lieu-dit Saint-Martin (cote 52) où l’on situe l’emplacement au moyen-âge d’une chapelle établie sur l’aire de l’ancien

oppidum ; le site présente un aspect très caractéristique.

Au nord ouest des Terrugues, en bordure du chemin des Espagnols, se trouve un point d’eau important. Le puit en maçonnerie donne l’impression d’une construction vétuste et devait desservir une agglomération relativement importante.

C’est aux Terrugues également qu’a été découvert le plus grand-nombre de vestiges de l’époque gallo-romaine, en particulier lors des travaux de défonçage nécessités pour la reconstruction du vignoble anéanti par le phylloxéra à la fin du 19ème siècle.

En 1953 a été mis à jour de manière fortuite l’emplacement d’une série de tombe de type dit « à caisson » dont un spécimen a pu être reconstitué. Cette tombe composée de six tuiles à rebord formant cube contenait encore une urne cinéraire avec son couvercle déplacé et deux petits vases rituels en terre cuite. Un fragment de fer informe, rongé par la rouille se trouvait mêlé aux ossements calcinés.

Aucune pièce de monnaie n’a été récupérée ce qui laisse supposer que cette sépulture a probablement été violée.

Or bien que ces tombes et celles découvertes antérieurement se situent à l’ouest de la nationale 9, il est vraisemblable que la nécropole s’étendait encore plus à l’est au delà de la nationale, c’est à dire sur le tènement des Estacades. Tous les renseignements recueillis à ce sujet sont concordants.

Ainsi selon les données classiques, l’alignement de ces sépultures gallo-romaines de part et d’autre de la route moderne tendrait à prouver que cette dernière occupe en fait l’emplacement d’une ancienne voie qui ne serait autre que la Via Domitia. Hypothèse d’autant plus vraisemblable qu’à quelques 400m plus au sud se trouve le point d’intersection de la nationale 9 et du chemin de Trèmes Vie déjà cité.

TREMES VIE

Tènement situé au sud du Pech de l’Avellane et à l’ouest de la nationale 9 (cabanot de Millet).

Ce toponyme dont nous avons eu l’occasion de parler n’est autre que l’expression phonique à peine altérée du terme classique latin : « Trames Viae » autrement dit le chemin de traverse de la voie (romaine).

(Comparez « Trames » avec le mot trame, en français, qui est employé communément pour désigner sur un tissu les fils disposés en diagonale).

Et comme un fil d’Ariane, ce raccourci symbolique nous conduit sans plus de détours vers la voie de Domitius matérialisée par la route moderne où il aboutit à 40m au nord du point coté 9. de nos jours, ce chemin de traverse n’est plus fréquenté , son parcours se trouve pratiquement modifié par la traversée de l'autoroute, pour connaître à nouveau un certaine apparence aux abords de la nationale 9.

Cet état d’abandon se traduit en fait par un amoncellement de cailloux qui encombrent la plupart du temps le sol au milieu du passage. Par surcroît, l’envahissement des ronces et autres spécimens de la flore locale contribue encore à rendre la progression particulièrement malaisée, bien que la largeur moyenne du chemin varie entre 2m50 et 3 mètres.

A noter que si le tracé de ce raccourci demeure pour sa plus grande part nettement visible, on le doit surtout aux murettes en pierres sèches qui délimitent son cheminement à travers ce versant désolé de la garrigue fitounaise.

PONTAROUCH

A 500m au nord des Cabanes de Fitou et à l’ouest de la nationale 9 (cote 18). Du latin « puncta rubea » : les points, les tâches rouges…

Cet éperon qui domine la route nationale présente, en venant de Narbonne notamment des traces d’oxyde de fer très caractéristiques qui lui ont valu son nom.

A ce titre Pontarouch devait constituer un point de repère important pour le voyageur empruntant l’antique voie.

LA MADELEINE

A 300m au nord des Cabanes de Fitou, en bordure de la nationale 9 à l’ouest. Ce lieu porte le nom d’une ancienne église aujourd’hui disparue et placée sous le vocable de Sainte Marie-Madeleine.

Cette église déjà ruinée au 16ème siècle se trouvait sur le chemin public qui va de Narbonne à Perpignan, ainsi qu’en témoigne un manuscrit daté de 1294 et cité par M. l’abbé Sabarthès dans son dictionnaire topographique du département de l’Aude.

Au moyen-âge un hôpital existait à proximité.

Les derniers vestiges de l’église Sainte-Marie Madeleine ont disparu vers le milieu du 19ème siècle lors de la réfection de la chaussée actuelle. Cependant on aperçoit encore à une centaine de mètres de la route, en direction de l’ancien chemin de Fitou, un enclos où se trouve un massif de maçonnerie, autrefois surmonté d’une modeste croix en fer. Ce calvaire rustique entouré de cyprès et d’oliviers indique probablement l’emplacement de l’ancien cimetière, dépendant de l’église.

LES CABANES DE FITOU

Appelées autrefois « cabanes de Roch » du nom d’un ancien aubergiste établi en cet endroit : ROCH Benoit (18ème siècle

Le hameau des Cabanes se situe au point de jonction de la départementale avec la route nationale. Source d’eau douce.

Au 17ème siècle se trouvait en ces lieux une auberge à l’enseigne des «trois Pigeons».

CAPITAT

Tènement jouxtant le hameau des Cabanes. Contraction probable du terme latin «Caput stagni» = la tête de l’étang. Ce lieu-dit semble vouloir désigner l’endroit où l’ancienne voie littorale côtoyait au plus près le rivage de l’étang (à comparer avec Capestang ou Cabestany).

A 100 mètres au sud du hameau des Cabanes. Il paraît indiquer l’emplacement d’une hôtellerie bâtie par les moines au moyen-âge pour héberger les pèlerins de passage. Un ancien moulin existait aussi en cet endroit (camp de Daniel).

L'HESPITALET

A 300 mètres au sud des Cabanes, à l’ouest de la nationale 9. Ancien poste frontière avant le traité des Pyrénées de 1659, puis ancienne gendarmerie.

Cette appellation s’appliquait à l’ensemble des locaux appartenant à la Ferme Générale, où logeaient également le contrôleur et les préposés.

Aux abords se trouve une petite chapelle dédiée à Saint-loup et attenante à l’ancien relais (actuellement maison Abélanet) où résidait le Maître de Poste et antérieurement le « chevaucheur de Fitou pour le Roy ».

Ancienne auberge à l’enseigne de l’Arbre et du Luxembourg.

Quelques centaines de mètres après avoir dépassé l’ancienne gendarmerie on aperçoit la trace d’un chemin qui partant de la route actuelle, se dirige vers le nord-ouest. Il s’agit d’un chemin de traverse qui reliait Fitou au grand chemin.

C’est en somme la réplique au sud du raccourci de Trèmes Vie. Cet ancien chemin se situe sur le tènement des Tessonnières (de l’occitan Tessou = le blaireau, et par extension lieu où se terrent les blaireaux)

BUREAU ET TESSONNIERES

Situé en bordure de l’étang, ce cap miniature connu au Moyen-âge sous le nom de « Podium de Pédros » (cotes 15 et 16), constituait jadis sans aucun doute une base d’opération idéale pour les coupeurs de route et autres émules de Mandrin, sans parler des contrebandiers . Et ce n’est peut-être pas par un simple

effet du hasard si ce toponyme présente quelques affinités avec le « Praedo » latin qui n’était qu’un pillard (praedones, de praeda = proie, butin).

Cette appellation de Pédros d’apparence agressive et d’autant plus curieuse que le nom du tènement voisin : l’Armeille, évoque par contre une idée de protection très caractérisée.

PEDROS

En effet, selon toute vraisemblance, ce dernier lieu-dit, mieux connu sous la dénomination de « pointe de l’Armeille » ne serait que la déformation de l’expression latine : « arx média » = la citadelle intermédiaire et désignerait ici l’emplacement d’une ancienne redoute située entre le Castrum de Salses au sud et le Castellum de Fitou au Nord-ouest.

De là à penser que les troupes de Domitius n’eurent rien de plus empresser que d’édifier, sur le tènement de Pédros et à l’endroit le plus favorable un ouvrage fortifié destiné à prémunir la voie du littoral contre les actes de brigandage éventuels, il n’y a pas loin.

D’autant plus qu’une rconnaissance sur le terrain permet de se rendre compte de l’efficacité d’une tour de guet placée à la cote 15 notamment, et dont les occupants pouvaient assurer en permanence une liaison à vue avec les deux points d’appui précités. N’oublions pas aussi à ce propos qu’il existe, non loin de l’Armeille un lieu- dit « le Pavillon » appellation qui a tendance de nos jours à tomber en désuétude, mais qui était encore courante au 18 ème et 19ème siècles. Faut-il voir sous ce dernier vocable une réminiscence du temps passé ? Il n’y aurait rien d’impossible.

Ainsi, à l’abri du fortin tutélaire, le trafic dut s’écouler sans trop de heurts à travers le Malpas en direction des Pyrénées prochaines, et, en sens inverse à destination de Narbonne et au delà.

L'ARMEILLE

Ce lieu-dit se trouve on ne peut plus étroitement lié à l’histoire de France au point que certains auteurs n’hésitent pas à conférer au défilé du Malpas le titre redoutable de « Thermopyles de la Gaule ». Il est vrai que toutes proportions gardées, cette qualification conservait encore, toute sa valeur avant la signature du traité des Pyrénées en 1659.

Véritable « no man’s land », la région du Malpas présente encore de nos jours cet aspect désolé, au sens étymologique du terme, et son appellation, commune aux itinéraires anciens (ad malum passum) se passe de tout commentaire.

LE MALPAS

De l’exposé qui précède, il nous semble possible de dégager les enseignements suivants concernant le tronçon fitounais de la voie domitienne 

- Si les recherches effectuées sur le terrain n’ont pas permis jusqu’ici d’identifier la plate-forme même de la voie de domitius, la seule interprétation des toponymes nous paraît cependant suffisante pour situer cette dernière voie dans la plaine attenante à l’étang littoral.

- De plus, compte-tenu des découvertes (XXème mille notamment), les observations faites sur le terrain laisseraient supposer que l’emplacement de la station «ad Vigesimum Lapidem » pourrait bien se trouvait inscrite dans le quadrilatère délimité approximativement par les lieux-dits : « La Traite – Terrugues – Les Estacades et Canaveyres ».

- Enfin, au delà du carrefour dit « les 4 chemins » et en se dirigeant vers Salses, la succession des noms de lieux paraît indiquer que la voie Domitienne suivait en cet endroit un cheminement sensiblement identique à celui de la route moderne au point de se confondre avec elle.

Dans ces conditions, le fait de n’avoir pu jusqu’ici relever la moindre trace de l’antique voie trouverait son explication dans une superposition probable de routes, ces dernières étant représentées successivement par :

- La Via Domitia proprement dite qui devait suivre elle-même le tracé de la piste d’Héraklés.

- Le Chemin Public de Narbonne à Perpignan ainsi dénommé au moyen-âge

- L’ancienne Route Royale ou Grand Chemin,

- Et, en dernier lieu, la route nationale 9 actuelle qui assurerait ainsi la permanence de la Voie de Domitius demeurée en quelque sorte invisible et présente à la fois, en dépit du nivellement des siécles.

CONCLUSION

CARTOGRAPHIE

Hypothèse Gabignaud
Couloir des 5 milles
L'arc littoral
Via Domitia
Voie des Hauteurs
Voie de la plaine
Un raccourci qui mène loin
Etude des Toponymes
Cartographie
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