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LES CAGOUILLES

A la fin des années soixante, il n’y avait ni portable, ni internet et la télé c’était deux chaînes, souvent en noir et blanc. Aussi, pour l’adolescent que j’étais les distractions et les amitiés tournaient autour du village. Il y avait le cinéma, une fois par semaine, la fête locale, la pétanque, mais aussi la traditionnelle cargolade.

 

A Fitou, c’était l’occasion de se retrouver ensemble filles et garçon pour s’amuser, rire, danser, chanter et parfois flirter. C’était souvent pendant les vacances, du côté de l’ancienne usine ou l’ancienne gendarmerie aux Cabanes, ou vers les Platrières…

 

L’aliment essentiel était bien sur l’escargot que l’on grillait sur les sarments accompagné d’un bon aïoli. Pour les non initiés, il y avait toujours de la saucisse ou des côtes de porcs grillées. Mais si à Pâques, Noël ou à la Toussaint il était facile d’en trouver, en été c’était moins évident.

 

Heureusement, les anciens étaient là. Et un jour où je demandais à mon grand-père quelques escargots de sa réserve il me répondit ceci : « Nous quand on était jeune, on allait chasser les « cagouilles » la nuit. Tu sais que dans la journée, il fait trop chaud et donc, ils vont se réfugier dans les murs de pierre. Il faut aussi que tu saches que la bestiole est très influençable… et tu peux facilement la duper. Il te faut, un arrosoir avec de l’eau, un tambour et une  lampe. Tu attends 22 ou 23 heures et tu vas dans la garrigue. Vous  devrez être au moins trois. Le premier joue du tambour, l’autre éclaire par intermittence le muret et le troisième en arrose copieusement le pied. Le gastéropode trompait par ces artifices croit que l’orage gronde avec des éclairs et que la pluie tombe. Aussi tout guilleret, il sort et tu n’as plus qu’à le ramasser. »

 

Fort de ces excellents conseils, je suis allé récupérer le tambour qui se trouvait au grenier et benoitement dès le soir je partais avec Guy et André à la chasse aux  « petits gris ». Je crois que pendant une quinzaine de jours, nous avons écumé la moitié des murailles de la garrigue fitounaise, avec un résultat avoisinant le  zéro.

 

C’est ainsi que dépité, je retournais questionner mon grand-père pour lui demander de nouveaux conseils. Et là, devant son éclat de rire, j’ai compris que j’avais moi aussi était illusionné et que j’avais un QI encore moins développé que celui du gastéropode local.

 

Au final, on a continué à taper dans les réserves des anciens……

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